Innover de manière collaborative avec des partenaires engagés pour la décarbonation de la filière outdoor. C’est avant tout une dynamique, le résultat d’une alchimie de nombreux ingrédients tangibles et intangibles.

L’enjeu commun de la décarbonation

L’enjeu de la décarbonation d’une filière industrielle dépasse les enjeux de l’entreprise individuelle. Il est intimement lié à l’engagement des acteurs de la filière, la stratégie RSE des partenaires, à leurs cultures, à la capacité des parties prenantes d’élaborer et de partager une vision commune, pour une filière outdoor appelée à faire vivre la transition durable vers un modèle pérenne et résilient.

L’innovation collaborative peut donner prise aux fantasmes ou aux effets de mode. C’est pourtant un formidable levier pour répondre à ce défi. Un impératif que doivent relever les entreprises car elles ont, tout comme les produits, un cycle de vie et doivent se recycler pour se réinventer. Pour commencer, essayons de définir nos référentiels communs en matière d’innovation durable.

« Nouveauté » et « mise en œuvre » sont les deux étapes clés de l’innovation

D’après le Manuel d’Oslo de l’OCDE, une innovation est la mise en œuvre d’un produit (bien ou service) ou d’un procédé (de production) nouveau ou sensiblement amélioré, d’une nouvelle méthode de communication ou d’une nouvelle méthode organisationnelle dans les pratiques d’une entreprise, l’organisation du lieu de travail ou les relations extérieures.

Dans le rapport de l’Institut des entreprises « Innover en entreprise : de l’incantation à la l’action », Valérie Mérindol, Professeur à Paris Business School et co-fondatrice de la Chaire newPIC, rappelle que  :

«Nouveauté» et «mise en œuvre» sont les deux étapes clés de l’innovation. On ne le soulignera jamais assez, l’innovation n’est pas seulement technologique. Elle est une idée nouvelle qui, mise en œuvre, génère de la valeur (pas seulement monétaire) pour l’organisation. L’innovation est aussi une question de point de vue : peut être considérée comme innovante par une entreprise une idée déjà développée dans d’autres firmes ou d’autres secteurs d’activités.

Quels types d’innovation nous intéresse ?

En principe, on distingue 4 types d’innovation :

Product innovation (Innovation de produit)

• Elle correspond à l’introduction d’un bien ou d’un service nouveau ou sensiblement amélioré sur le plan de ses caractéristiques ou de l’usage auquel il est destiné. Cette définition inclut les amélioration sensibles des spécifications techniques, des composants et matières du logiciel intégré, de la convivialité ou autres caractéristiques fonctionnelles. Un exemple inspirant d’appel à la collaboration autour d’une innovation produit est le ski, Essential de Rossignol, recyclable à 77 %, et fabriqué en France dont la composition a été partagée par la marque en open data. 

Process innovation (Innovation de procédé)

• Il s’agit de la mise en œuvre (implémentation) d’une méthode de production ou de distribution nouvelle ou sensiblement amélioré. Dans l’industrie du sport outdoor, un exemple emblématique est l’usine ASF 4.0, filiale du Groupe Chamatex, avec une production automatisée de chaussures de sport 100% française. Grâce à l’intelligence artificielle, la programmation informatique et l’artisanat humain, les bénéfices sont multiples pour les marques partenaires Babolat, Salomon et Millet : rapidité, flexibilité, compétitivité et respect de l’environnement.  Un autre exemple récent est le Consortium pour faire avancer la recyclabilité et circularité des fibres textiles entre, Carbios et sa technologie de biorecyclage, et les marques de sport : On, Patagonia, Puma et Salomon.

Marketing innovation (Innovation de commercialisation)

• Elle correspond à la mise en œuvre (implémentation) d’une nouvelle méthode de commercialisation ou de rupture impliquant des changements significatifs de la conception ou du conditionnement du placement, de la promotion ou de la tarification d’un produit. Par exemple, la livraison à domicile gratuite a conduit les consommateurs  à acheter le même produit en 3 tailles et couleurs différentes et renvoyer ce qui ne convenait pas. Aujourd’hui, avec l’aide de la réalité augmentée, les consommateurs peuvent essayer des produits virtuellement au travers de lunettes ou smartphones. Cela est une innovation pouvant potentiellement permettre de faire un acte d’achat plus précis et ainsi réduire l’impact environnemental des ventes en ligne.

Organisational innovation (Innovation d’organisation)

• Il s’agit de la mise en œuvre (implémentation) d’une nouvelle méthode organisationnelle dans les pratiques, l’organisation du lieu de travail ou les relations extérieures de la firme.  Fablabs, labs d’innovation internes, makerspaces, hackerspaces, living labs, open labs… Tous ces espaces collaboratifs d’innovation s’appuient sur des ingrédients et processus qui facilitent la pensée créative, individuelle et collective, ainsi que l’idéation et l’itération pendant le processus d’innovation. Ils offrent également une atmosphère particulière et un espace hors du temps de travail habituel qui permettent de prendre du temps pour réfléchir autrement. Un exemple inspirant est l’Annecy Design Center (ADC) de Salomon, rassemblant dans la zone de conception de prototypes, les designers, ingénieurs et marqueteurs pour co-concevoir les futurs produits.
  

On différencie aussi la typologie des innovations en fonction de leurs impacts sur les clients et les entreprises 

Et en matière de stratégie d’innovation ?

Les entreprises peuvent s’appuyer sur deux approches complémentaires :

• L’innovation fermée : équipe interne R&D en charge de l’innovation ou service R&D externalisé en partenariat avec un ou des prestataire(s) externe(s)
• L’innovation ouverte : par opposition à l’innovation fermée, dans ce modèle, les frontières de l’entreprise sont perméables à toutes les étapes du processus d’innovation. Il s’agit d’une combinaison d’actifs externes (par exemple, un partenariat avec une startup qui détient une technologie) et internes à l’entreprise.

La stratégie d’innovation ouverte est plus adéquat dans le cas de la mise en œuvre d’une approche collaborative de l’innovation. A la différence de l’innovation ouverte, l’innovation collaborative s’inscrit dans une perspective plus écosystémique dépassant ainsi la dimension binaire entre l’entreprise individuelle et un partenaire d’innovation. Il s’agit prioritairement de s’interroger sur l’organisation d’un réseau pour innover de manière collaborative. Cela consiste à mobiliser des partenaires déconnectés ou renforcer des liens existants pour développer de la confiance dans le but de faire émerger de nouveaux projets d’innovation durable. Les dynamiques de collaboration pour l’innovation se mettent en place afin de pérenniser un agencement qui produit de la valeur pour toutes les parties prenantes (PME, TPE, grands groupes, prestataires…).

En quoi l’innovation durable collaborative peut-elle faire la différence ?

L’innovation durable s’appuie sur les 3 piliers RSE : une société équitable, une économie viable, un environnement vivable. En prenant en compte les ressources limitées de notre planète, la demande du consommateur et du législateur de réduire l’impact CO2 des produits mis sur le marché, innovation et développement durable sont devenus indéniablement indissociables.

Quelques exemples de projets d’innovation durable collaborative

Les projets d’innovation durable collaborative à fort impact pour la filière sont peu nombreux et pourtant très inspirants : Greenwolf, atelier mutualisé de réparation textile, Usine ASF 4.0, usine de production automatisée de chaussures de sport relocalisée en Ardèche ou encore à l’échelle européenne, le Supply chain decarbonisation project porté par European Outdoor Group.

Le processus d’innovation est avant tout un processus social reposant sur la volonté d’hommes et de femmes d’agir pour la transition. Souvent animé par OSV comme « tiers de confiance » ou « tiers-facilitateur », plusieurs groupes de travail ont été initiés par la volonté des marques de s’appuyer sur la force du collectif pour traiter des sujets comme la relocalisation, la réparation des chaussures, le traitement des polybags, le PEFCR des produits hard goods, une base de données mutualisées des acteurs de l’upcyling et du recyclage…

Ces exemples montrent que sortir de la logique pure de concurrence et de confidentialité, tout en cadrant le périmètre pour continuer à innover de manière singulière et avec l’identité de la marque, a des avantages bien plus impactant face à la transformation actuelle de l’industrie. De plus, les sujets d’innovation durable sont un terreau favorable pour les projets inter-entreprises car l’enjeu est commun aux acteurs de l’industrie outdoor, dépassant l’enjeu de la compétition entre deux concurrents et allant au-delà la Région Rhône-Alpes, au-delà de la France.

Quelle est la valeur ajoutée pour les entreprises de collaborer sur les sujets RSE ?

Difficile de répondre seul à la question sous-jacente : comment fait-on pour que notre industrie existe encore dans dix, quinze ans… ? On distingue ici deux niveaux de collaboration pouvant nourrir ces réflexions :

• Rencontrer et échanger avec des industriels qui portent des intérêts communs. Cette dynamique permet de s’inspirer de ses pairs, partager ses craintes, ses réussites et surtout se sentir moins seul pour innover face à ce défi de décarbonation et de neutralité carbone.
• Travailler ensemble et faire grandir le collectif qui portent des problématiques communes. La valeur ajoutée de ce mode de travail collaboratif est de mutualiser les coûts, les risques tout en profitant de l’expérience des uns et des autres, des compétences, des connaissances etc… Autrement dit, il est question de gagner du temps et de l’argent.

Vers un changement de mentalités…

OSV vous propose plusieurs pistes pour avancer vers une transition durable :

• S’acculturer aux sujets RSE avec notre veille hebdomadaire
• Réseauter avec des acteurs de l’industrie du sport outdoor qui partagent les mêmes intérêts et enjeux lors des ateliers collaboratifs sur nos événements OSV Explore 
• S’engager avec des partenaires de confiance de l’identification de l’opportunité à la diffusion sur le marché de l’innovation durable au côté d’OSV et de la filière outdoor

Pour atteindre l’objectif de neutralité carbone en 2050 issu des Accords de Paris, il est urgent de rassembler les partenaires de la transition autour de projets communs ambitieux et innovants, faites-vous partie de cette aventure collective ?

Retrouvez-nous le 15 juin à OSV Explore la décarbonation pour échanger avec nous ou contactez directement Emilie.