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Le 17 juin dernier s’est tenu, le colloque T-Rex, organisée par Les Arcs Bourg-Saint-Maurice Tourisme. Un événement « 100% retour d’expériences » autour de la transition en montagne et dans l’outdoor. Emilie D., Solène, Emilie L. et Benjamin de l’équipe OSV se sont rendus sur place. Ils nous livrent le résumé de leurs notes prises des conférences auxquelles ils ont pu assister.

Séance d’ouverture par l’agence Anne Gallienne & Laureline Chopard de l’agence Pop Rock sur le référentiel client

« Je n’ose plus dire que je vais faire un week-end à Lisbonne alors qu’il y a 5 ans c’était très tendance. Par contre je suis fière de faire du vélo itinérant ».

Cette première conférence a présenté la ligne directrice de la journée. Anne et Laureline ont évoqué en quoi les enjeux environnementaux et sociaux allaient modifier les comportements des consommateurs. Aujourd’hui, à la question, qu’est-ce qu’être un bon consommateur outdoor, la réponse a évoluée. Elle a une conséquence sur l’usage des produits :
1/ Se demander si j’en ai vraiment besoin ;
2/ Me demander si je peux le louer ou l’acheter d’occasion ;
3/ Acheter de meilleures matières ;
4/ Acheter local ;
5/ Acheter éthique.
Les marques influencent fortement ces changements de référentiels. Il est donc important que celles-ci en aient conscience et agissent. Cela peut être par de l’information (Decathlon qui affiche le poids carbone de ses produits) ; ou en donnant au consommateur les moyens d’agir (mettre du vrac dans les grandes surfaces).
Eux aussi attendent des marques qu’elles s’engagent. C’est ce que font les différents acteurs présents au T-REX.

Calypso Sottovia, Environnemental et Marketing Manager, donne les clés de l’activisme de marque pour Patagonia

« On a dit aux anti IVG qui étaient dérangés par notre campagne et qui nous inondaient d’appels qu’on entendait leur colère mais que pour chaque appel, on reverserait 5$ de plus au planning familial ».

En effet, cette marque très engagée travaille autour de 4 axes principaux : le storytelling ou comment susciter l’émotion pour inciter le passage à l’action ; la mobilisation citoyenne via des campagnes d’affichage comme « Facing extinction », les vitrines des shops ou encore l’accueil de manifestants lors de rassemblements ; changer les mentalités et les comportements grâce à la réparabilité et à la garantie à vie du produit, comme  « We Repair » ou une roulotte qui passe dans les stations de ski pour réparer le matériels de ski ; faire passer le client de consommateur à militant engagé.
Calypso nous a d’abord averti sur certaines difficultés que pouvaient engendrer cet activisme. Elle nous a ensuite donné quelques ingrédients clés :

  • Avoir une raison d’être forte incarnée par chacun(e) des collaborateurs.
  • Choisir une cause qui vous touche.
  • Ne pas chercher à plaire à tout le monde mais affirmer vos valeurs.
  • Avoir comme point de départ les experts, les associations et l’environnement qui vous entoure.

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Frédéric Arnould dévoile comment Serre Chevallier réussit à couvrir 28% de ses besoins en électricité par la production locale d’énergies renouvelables.

En 5 ans, le domaine skiable est passé d’une grande dépendance énergétique a près de 30% de ses dépenses énergétiques produites de façon renouvelable.
La station de ski du sud de la France dépense 14 500 000 kWh chaque année, soit la dépense annuelle de 2 900 foyers français. Ce n’est pas rien pour une station qui ne fonctionne que 7 mois sur 12 ! Et à cela s’ajoute 650 000 L de carburant chaque année.

Serre chevalier s’est donc fixé des objectifs : utiliser 3 sources renouvelables en simultanée : hydroélien, photovoltaïque, éolien ; produire 30 à 50% de sa conso électrique ; faire en sorte que leur modèle soit adaptable tout en utilisant les installations existantes.
Après avoir fait une feuille de route, des études de faisabilités, trouver de l’argent (région, caisse des dépôts), et réaliser des petites et grandes actions, leur production énergétique est aujourd’hui répartie à 80% en hydroélectricité (cher à mettre en place, démarches admin complexes, gros rendement, amorti en 5 à 10 ans), 12% en photovoltaïque (facile à mettre en place, pas cher, gros rendement en montagne, amorti en 7 à 12 ans), 8% en éolien (facile à mettre en place pour les moins de 12 mètres, ne marche pas trop en montagne, amortie en 25 à 30 ans).

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Camille Poulain de Lichen et Christophe Peter de Wanaka : l’édition responsable, plus facile à dire qu’à faire !

Éditrice et directeur artistique des deux éditions  « LES PASSEURS », un magazine « fablab » pour imaginer la vie en en montagne demain, ils nous ont présenté la construction des deux numéros.  Après la sortie du 1er numéro, ils ont souhaité aller loin sur l’impact carbone de l’impression du n°2. Pour produire des livrables responsables, ils se sont heurtés à de nombreuses difficultés. Ils nous ont parlé papier, encre, impression, emballage. Après avoir démonté quelques idées reçues « en gros Imprim’Vert c’est juste un label qui interdit les produits cancérigènes, et le papier recyclé est parfois bien plus carboné que du neuf », nous avons compris que vouloir imprimer décarboné est un travail de recherche long et minutieux. Il est en effet très compliqué aujourd’hui d’obtenir des informations précises sur tous les composants liées à la fabrication de ces beaux ouvrages !

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Marie Chaillou et le parcours de l’affichage de l’empreinte carbone sur les produits textiles de Décathlon

Directrice communication développement durable, Marie a détaillé le parcours vers l’étiquetage carbone avec encore des idées reçues débusquées (« la location peut être plus impactante que l’achat sur certains produits »). L’affichage environnemental consiste à calculer l’impact carbone du produit et lui attribuer une note. Cette note permet de rendre plus conscients les consommateurs en orientant le parcours d’achat vers des solutions moins impactantes. Elle sert également à porter de nouveaux messages sur les usages de consommation et sur les pratiques sportives.

Elle a partagé avec nous les leviers de transformation sur lesquels Decathlon souhaite avancer rapidement. Ils sont bien identifiés : inscrire le projet dans la durée, mutualiser les données, favoriser les échanges et les retours d’expériences, améliorer la pédagogie et vulgariser pour s’adresser au plus grand nombre, compléter l’affichage environnemental par son pendant social, axer la stratégie sur le créneau : people, profit, planet.
Des perspectives enthousiasmantes quand les poids lourds outdoor vont dans la même direction.

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La Ruche et la transition « Bottom up » par Laura Cumin & Marie-Clémence Vallier

Laura et Marie-Clémence ont présenté le collectif  du domaine skiable des Arcs qui s’est engagé pour une montagne plus propre. 6 salariés, soutenus par le directeur général, ont créé La Ruche afin de réduire l’impact du domaine sur la montagne. A côté de leur job, mais avec des heures dédiées dans leur contrat, ils se retrouvent pour définir la stratégie et mettre des actions en place. Ils travaillent sur des études, ils intègrent les collaborateurs, ils font des benchmarks de ce qui se fait ailleurs, ils sensibilisent…
Le bilan à ce jour : 100 actions mises en place et 1ere station labellisée « flocon vert ». Selon eux, la base pour qu’un projet comme celui-ci fonctionne c’est que la direction soit très investie.

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Alexandre Bourcet explique comment Maped devient une entreprise engagée et engageante

Alexandre, responsable RSE chez Maped, nous a parlé des choix de son entreprise en termes de transition écologique. Tous leurs produits étant en plastique, il était impossible pour eux de s’engager dans une démarche environnementale. L’entreprise a donc décidé de ne pas travailler sur l’impact environnemental de leur production. Ils se sont tournés plutôt sur l’éducation du consommateur à la protection de la planète, et cela grâce à leurs produits.

Les cabinets Aircoop et Utopie les ont accompagné en commençant par faire le cadrage de cette mission.  Puis ils ont choisi leur nouvelle identité de marque, changé leurs statuts pour devenir une entreprise « à mission ». Ils ont également créé un fond de dotation « 1% for education » auquel ils reversent 1% de leurs bénéfices de certains produits. Ils ont engagé leurs salariés en proposant des congés solidaires pour faire des actions dans d’autres pays tel que le Sénégal. Les points positifs de cet engagement sont nombreux. Ils ont aujourd’hui une mission d’entreprise claire. Les salariés ont bien adoptés cette nouvelle identité et ils sont intégrés dans le projet. Maped a le soutien des deux cabinets sur le long terme. Pour aller plus loin, Maped souhaiterait former les enfants d’Afrique…

Florian Palluel, responsable RSE de Picture Organic Clothing, parle de « transparence »

Florian a rappelé la nécessité et le caractère « casse gueule » de la transparence maximum en matière de communication environnementale même pour une entreprise B-Corp. Il a déjà abordé avec nous deux articles majeurs qu’il a rédigé en s’inspirant d’autres industries et intégré sur le site web BtoC de la marque : « Energie et sobriété dans le textile ? Pourquoi (presque) personne n’en parle ? » et « A quand le made in France pour vos produits ? Vous vous prétendez « éco » mais pourquoi fabriquer à l’autre bout du monde ? ». Ils ont été déclinés ensuite pour les différents médias comme les réseaux sociaux.

Malgré le fait que certains sujets soient plutôt dédiés au BtoB et que le contenu ne soit pas toujours adapté au parcours client, cette transparence permet à la marque de répondre aux questions des consommateurs. Elle a aussi pour objectif de transmettre ses valeurs environnementales et sociétales. Florian nous a également donné quelques bons conseils pour rédiger ce type de contenu : Se mettre à la place du consommateur qui n’est pas un expert, de ne pas employer un langage trop BtoB (et même au sein de l’entreprise d’ailleurs 😉). La transparence ne remplace pas l’action mais elle entraine l’humilité pour comprendre le parcours client.

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L’Office Nationale des Forêts (ONF) et la forêt de demain par Loïc Pardo

Loïc a présenté les modèles climatiques de l’ONF. Ils les utilisent pour savoir quelles essences planter en fonction du lieu et des chaleurs attendues à l’avenir. Ils plantent aujourd’hui des arbres qui pourront supporter les chaleurs de 2050 et s’adapter aux nouvelles conditions. Selon les modèles, ce sera plus de 50% du territoire français qui sera soumis à des feux de forêts réguliers à cette période. Par exemple, ils regardent pour planter des pins dans les alpes du nord, qui poussent actuellement dans le sud de la France. Des zones de tests sont exploitées pour planter de nouvelles essences et voir l’adaptation des espèces.

L’ONF essaye au mieux de préserver les espèces, la biodiversité, de reconstruire les forêts. Il fait remarquer que l’ONF n’a la main que sur 1/3 des forêts, le reste est privé. Leur impact est malheureusement limité. Des entreprises comme Décathlon et Picture ont déjà financé des projets de cette organisation.

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Vivement la prochaine édition…

Nous avons passé un excellent moment lors de cette journée. Le T-Rex est un événement riche et inspirant qui donne de l’énergie par la dynamique des intervenants et les retours d’expériences positifs sur leurs projets.

Nous n’avons malheureusement pas pu vous faire un résumé de toutes les conférences mais si vous êtes curieux, allez faire un tour sur le site internet des Arcs pour consulter les autres présentations. Et encore un grand merci pour l’organisation. A l’année prochaine !